Article N° 8168

FAMINE - GAZA

Gaza : la famine officiellement déclarée, plus de 640 000 personnes en situation catastrophique

Abderrahim Derraji - 22 août 2025 17:34

Le 22 août 2025, une nouvelle analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) a confirmé la présence d’une famine dans le Gouvernorat de Gaza, une première au Moyen-Orient. Plus d’un demi-million de personnes y sont déjà piégées dans des conditions marquées par la faim extrême, la misère et des décès évitables. La famine devrait s’étendre rapidement à Deir Al-Balah et Khan Younis dans les semaines à venir.
 

Selon la FAO, l’UNICEF, le PAM et l’OMS, l’urgence est maximale : les décès liés à la faim augmentent, la malnutrition aiguë explose et la consommation alimentaire s’effondre. Des centaines de milliers de personnes passent plusieurs jours sans manger, tandis que les adultes sautent des repas pour nourrir leurs enfants. En juillet, 39 % de la population déclarait rester parfois plusieurs jours sans nourriture.
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La situation nutritionnelle est dramatique à Gaza : en un mois seulement, plus de 12 000 enfants ont été diagnostiqués en malnutrition aiguë, un chiffre record et six fois supérieur à celui du début d’année. Un quart souffrent de malnutrition aiguë sévère, la plus mortelle. Le nombre d’enfants risquant de mourir de malnutrition d’ici mi-2026 a triplé pour atteindre 43400. Chez les femmes enceintes et allaitantes, le chiffre est passé de 17 000 à 55 000. Un bébé sur cinq naît désormais prématuré ou avec un poids insuffisant.
 

À la fin septembre, plus de 640 000 personnes devraient être en phase 5 de l’IPC (catastrophique), 1,14 million en phase 4 (urgence) et près de 400 000 en phase 3 (crise). L’agriculture est quasiment détruite : 98 % des terres cultivées sont endommagées ou inaccessibles, et 9 personnes sur 10 ont été déplacées à plusieurs reprises. Les prix alimentaires explosent, les flux commerciaux sont paralysés et les opérations humanitaires gravement entravées, avec des camions d’aide pillés et des pénuries aiguës de carburant, d’eau et de médicaments.
 

Le système de santé s’effondre, incapable de faire face à une flambée d’infections, y compris résistantes aux antibiotiques. Les maladies courantes comme la diarrhée ou les infections respiratoires deviennent fatales chez les enfants malnutris.
 

Face à cette catastrophe, les agences de l’ONU appellent à un cessez-le-feu immédiat et durable, condition indispensable pour permettre un accès humanitaire massif, la libération des otages et la protection des hôpitaux. Elles insistent sur l’urgence d’accroître les livraisons de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments, de réhabiliter le système de santé et de restaurer les circuits commerciaux et la production locale.
 

« L’accès à la nourriture n’est pas un privilège, c’est un droit humain », rappelle la FAO. Le PAM, l’UNICEF et l’OMS soulignent à leur tour qu’il n’y a plus de temps à perdre : sans cessez-le-feu et aide humanitaire à grande échelle, la famine continuera de s’étendre et d’emporter des milliers de vies, en particulier celles des enfants.

Source : OMS